Gregor Schneider
4538 KM
Depuis 1985, l’artiste allemand Gregor Schneider a commencé à rénover l’intérieur d’une maison à Rheydt. Il a nommé cette maison provocante le Haus u r. C’est un puzzle spatial désorientant dont il a reconstruit des fragments dans ses expositions. En installant une partie de son Haus u r dans le pavillon allemand lors de la 49e Biennale de Venise en 2001, il a remporté le Lion d’Or. À travers un ‘enchevêtrement’ délibérément aliénant des pièces, une désorientation physique et visuelle est créée, brouillant les frontières entre réalité, art et architecture. En érigeant des murs, il cache des objets, les rendant seulement concevables. Des pièces sont construites à l’intérieur de pièces, des murs sont placés devant des murs existants, des fenêtres sont dissimulées tandis que d’autres sont créées, des pièces sont reconstruites en miroir, etc. Même l’air qui circule et la lumière qui entre apparemment par les fenêtres sont des illusions créées avec des ventilateurs et des sources lumineuses cachées.
Ses fantasmes et obsessions sont systématiquement développés architecturalement, en utilisant un langage formel explicite ou minimaliste. Cela rend impossible de distinguer entre ce que Gregor Schneider a construit et ce qu’il n’a pas construit. À travers ces rénovations continues et sans fin, le processus de création devient complètement incompréhensible. L’obsession de l’isolement provient d’une fascination pour le cri. Les dessins qu’il a réalisés pour sa première exposition (Pubertäre Verstimmung, 1985) faisaient référence au Cri d’Edvard Munch et à la série des Papes de Francis Bacon. Schneider considère le cri comme ‘l’expression ultime’, mais après un certain temps, il s’est moins intéressé à la représentation du cri lui-même. Il a donc cherché une actualisation et une exploration du concept. Ainsi, il a conçu une série d’espaces si isolés que le son et la lumière ne pouvaient ni entrer ni sortir. Le cri de quelqu’un à l’intérieur ne pouvait pas être entendu de l’extérieur et ne pouvait résonner qu‘à l’intérieur. Il utilisait des matériaux tels que la fibre de verre, le plomb ou d’autres matériaux insonorisants. La notion du cri silencieux l’a également amené à explorer des lieux porteurs de souvenirs d’événements traumatiques.
Pour son projet au MDD, il s’est basé sur des photos de la prison de Guantanamo à Cuba. Son exposition est une grande œuvre d’art ‘in situ’ qui, cependant, est poussée à l’extrême, ignorant complètement les espaces existants, semblant très étrange et effrayante. Bien qu’elle ‘reconstruise’ en partie la réalité, il y a bien sûr des éléments qui proviennent de son imagination. Cette réalité très concrète est combinée avec des éléments abstraits, renforçant davantage le sentiment d’aliénation. L’architecture est familière, mais ce qui se passe exactement avec les prisonniers qui ont ‘perdu’ leur identité est inconnu. Peut-être que, dans le projet de Schneider, on ressent ce qui ne peut pas être montré.