close

Kara Walker

Le monde de Kara Walker est peuplé de figures étranges en silhouette noire. À en juger par les décors et leurs vêtements, ils semblent provenir du XVIIIe ou XIXe siècle. Les scènes qu’ils dépeignent peuvent sembler paisibles et charmantes à première vue, mais il devient rapidement évident à quel point les apparences peuvent être trompeuses.

Depuis ses débuts artistiques en 1994, Kara Walker a créé un impressionnant ensemble d‘œuvres, comprenant des collages, des peintures, des dessins, des films d’animation, et plus encore. Elle puise son inspiration dans de vieilles histoires datant de l’époque où l’esclavage existait encore officiellement en Amérique. Bien que les thèmes qu’elle aborde soient lourds - racisme, esclavage, harcèlement sexuel et sadisme - elle les charge d’une manière surprenante avec fantaisie, poésie, humour et amour. Elle utilise à cet effet des figures découpées. Au XVIIIe et XIXe siècles aux États-Unis, il existait une technique d’image populaire dans l’estampe, où des silhouettes noires animaient la scène. Kara Walker a repris cette technique oubliée et lui a donné une toute nouvelle dimension. Ses figures en silhouette de papier grandeur nature, directement fixées aux murs, sont désormais bien connues dans le monde de l’art.

Pour son exposition au MDD, Kara Walker a choisi de présenter une série de sculptures récentes en papier aux côtés d’une promenade à travers son matériel cinématographique. Son premier film d’animation, Testimony, date de 2004, tandis que le plus récent vient d‘être achevé et est en première au MDD. Ses films sont montés de manière très transparente : Kara Walker anime elle-même les figures découpées à l’aide de fils et de bâtons, ou elle joue avec les ombres. Parfois, elle apparaît elle-même - en pleine action - à l’écran. Alors que son premier film était purement en noir et blanc et sans son, dans ses œuvres les plus récentes, elle s’est concentrée sur l’utilisation de la couleur et d’une bande sonore.

Dans ses films, Kara Walker revisite l’ancienne tradition narrative parmi les esclaves noirs. Une imagination de conte de fées est combinée à des passages horribles. Son œuvre devient ainsi à la fois une dénonciation et une purification. Le sarcasme, les contradictions et l’autodérision font partie intégrante de son approche. Même si elle raconte une histoire, Kara Walker laisse beaucoup d’espace et de liberté au spectateur pour utiliser son imagination dans l’interprétation de ce qu’il voit.

Par exemple, Calling to me from the angry surface of some grey and threatening sea. I was transported (2007) est une installation vidéo colorée avec cinq projections. Divers récits, couleurs et images s’alternent, submergeant le spectateur d’impact et de diversité. Dans Testimony: Narrative of a negress Burdened by Good Intentions (2004), son récit prend comme point de départ que les hommes blancs deviennent les esclaves des femmes noires.

L’exposition au MDD devient ainsi une expérience intense où le passé noir de l’Amérique est réexaminé ou revécu à travers les yeux et les mains subjectifs d’une artiste exceptionnelle.

3
05.10.08—30.11.08
Exposition
   Lieu
Museum Dhondt-Dhaenens

Museumlaan 14
9831 Deurle

   Artiste
Images