Picture this: Marie Cloquet
Dans son travail, Marie Cloquet manifeste une grande fascination pour des structures singulières, façonnées par l’homme et/ou la nature. L’un de ses premiers projets artistiques a consisté en une série de photos de cabanes et de structures abritées émergeant dans le paysage (2000—2001). Depuis lors, elle a construit plusieurs grandes installations représentant des abris, en utilisant toutes sortes de matériaux de récupération. Ils servent de métaphore pour le chaos de la vie et le besoin humain d’une structure protectrice permettant de s’isoler de l’agitation environnante.
Plus récemment, Marie Cloquet crée d’amples collages intensifs en travail, formant un paysage fictif à partir d’impressions de photos autodidactes retouchées à l’aquarelle. Plusieurs voyages à Nouadhibou en Mauritanie africaine ont inspiré deux œuvres que Marie Cloquet présente maintenant au Musée Dhondt-Dhaenens. La ligne côtière de Nouadhibou est devenue un immense cimetière de navires en raison des plus de trois cents épaves qui y rouillent lentement. Certains navires se sont détériorés au point où seule une structure squelettique subsiste. Certains des naufrages reposent échoués sur le rivage; d’autres flottent encore en pleine mer. L’endroit fascine Marie Cloquet en raison du chaos et de l’état « décomposé » de la plupart des navires, transformant le paysage en une vision apocalyptique. Tout comme auparavant avec les cabanes et les structures abritées, Marie Cloquet explore le paysage de Nouadhibou à la recherche des qualités sculpturales qui émergent, en partie de manière fortuite, dans le champ de tension entre le chaos et la structure.
La manière dont elle crée un paysage dans ses collages rend difficile pour le spectateur de comprendre la construction de l’ensemble. Ce qui semble initialement être un paysage uniforme devient, à y regarder de plus près, une composition de paysage complexe dans laquelle on se perd en observant. Les distorsions d’échelle et les lignes de perspective variées transforment les collages en expériences visuellement désorientantes, dont la fonction varie systématiquement en fonction de la distance du spectateur par rapport à l’œuvre. De cette manière, les collages défient le spectateur dans une aventure mentale, où le caractère apparemment escapiste des paysages est menacé par des thèmes sociaux actuels tels que la pollution et la pauvreté.
