Peter Buggenhout
The blind leading the blind
Peter Buggenhout assemble des sculptures informes avec des matériaux organiques. Il travaille avec des éléments produits par la vie mais rejetés, tels que le bois, la poussière, les cheveux et les intestins d’animaux. Nous parlons ici de ‘débris’, à la fois littéralement et émotionnellement, où le débris est quelque chose de ’porteur de tristesse‘. C’est le reste d’idées et de biens qui ne sont plus utiles. Peter Buggenhout voit cela comme une tâche de l’artiste de régénérer ces débris en une matière gérable et peut-être même pleine d’espoir. Il expose des choses que nous préférons ne pas voir ou que la culture nous a appris à ne pas vouloir voir. Il croit que le dégoût joue un rôle dans l’expérience esthétique, créant un jeu d’attraction et de répulsion, de reconnaissance et de dépaysement.
Avec le titre souvent récurrent The blind leading the blind, Buggenhout fait référence au tableau du même nom de Pieter Breughel l’Ancien de 1568, dans lequel un homme aveugle guide d’autres hommes aveugles. Ils ne savent pas d’où ils viennent ni où ils vont. Ils peuvent trébucher, rester en arrière ou même tomber dans un trou. Peter Buggenhout voit dans cette œuvre sa vision du monde et comment nous pouvons penser au monde comme quelque chose d’imprévisible. C’est précisément ce que ses œuvres incarnent également : le doute que le spectateur ressent en regardant ses installations en tissu. La tradition sculpturale que Peter Buggenhout perpétue est tout sauf une recherche du sublime dans des règles canoniques.
L’expérience joue un rôle important dans l’art de Peter Buggenhout, le conduisant à chercher constamment des moyens d’optimiser ses sculptures dans un espace spécifique. Il sert les sculptures en apportant plusieurs ajustements architecturaux. Pour cette exposition, les quatre sculptures sont présentées sur des plaques de verre selon un motif serré, et les murs ont été peints de la même couleur que l’éclat émis par les plateaux de table en verre car ils sont peints en blanc en dessous. La froideur détachée dans laquelle les sculptures opèrent crée une tension contrastée. Dans cet environnement, les images mènent leur propre vie et suscitent une expérience unique.