Wade Guyton
À l’instar de Kelley Walker, Seth Price et Josh Smith, Wade Guyton fait partie de la nouvelle génération d’artistes américains qui donnent une nouvelle signification aux réalisations du modernisme abstrait et de la pop art des années 1960.
Les œuvres de Guyton résultent de l’impression sur des toiles à l’aide d'une imprimante à jet d’encre Epson contrôlée par une centaine de têtes d’encre individuelles. Le passage des toiles de lin dans une imprimante introduit des erreurs qui conduisent à des effets formels distincts. Le hasard est donc un facteur déterminant dans le processus de développement de ses Print Paintings. Comme seule une surface limitée peut être traitée par l’imprimante, il plie ses toiles en deux pour imprimer alternativement chaque côté. En conséquence, une fine rayure verticale reste blanche au milieu. Les plis, les égratignures et les multiples couches d’impression enrichissent la surface noire. Ces imperfections surviennent car le lin bouge pendant le processus d’impression et parce qu’une même toile passe parfois plusieurs fois dans la machine. Cela crée des tons de couleur changeants dans le monochrome noir. En définissant ses œuvres comme des « Paintings », remplaçant la peinture par de l’encre et le pinceau par l’imprimante, Guyton soulève de nouvelles questions fondamentales sur la signification de la peinture.
Le travail de Wade Guyton s’inspire d’une part incontestablement des toiles noires qu’Ad Reinhardt a peintes à la fin de sa vie. Cet moderniste abstrait élève son art au niveau du sublime et de l’intemporel. Les œuvres sérielles de Wade Guyton imprègnent également l’espace d’une atmosphère cérébrale. Simultanément, le processus de travail détaché s’aligne étroitement sur celui de l’artiste pop art Andy Warhol. Warhol remettait constamment en question l’implication physique de l’artiste et l’unicité d’une œuvre d’art grâce à l’utilisation de techniques de reproduction.
La série Sans titre de Wade Guyton exposée au MDD explore davantage cette problématique. Elles semblent être des monochromes gris identiques, mais en raison d’erreurs dans le processus d’impression, chaque toile est unique. L’utilisation d’une imprimante devient ainsi un acte symbolique, faisant référence au déplacement croissant du travail manuel vers le travail machinale dans le processus de production. La technologie, l’art et l’économie sont ainsi entrelacés dans ses œuvres.
