Stadtbild P2 (174-2), 1968
Gerhard Richter, l’un des artistes vivants les plus importants au monde, visite et redéfinit depuis les années 1950 les notions courantes de la peinture dont il bouleverse les protocoles et les conventions, comme la relation entre la peinture et la photographie, entre autres. Cela apparaît aussi dans sa série Stadtbilder, réalisée à la fin des années 1960. Inspirées d’images aériennes prises durant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi de maquettes architecturales, ces œuvres thématisent de manière indirecte les liens inhérents entre les technologies de production d’images et la guerre.
En reproduisant les images sources sur la toile, l’artiste ne change rien à la perspective et conserve la réduction au niveau de gris. Richter omet cependant souvent les zones de la photographie source où l’on aperçoit des édifices importants, ce qui pourrait faciliter l’identification du site représenté. Les paysages urbains dévoilent souvent la gestuelle picturale, d’amples coups de pinceau impulsifs, une application de la peinture en empâtement tout en ne recouvrant pas certaines autres parties de la toile. Ces œuvres bousculent aussi les notions habituelles d’abstraction et de figuration.