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Fruits of Labour

Fruits of labour explore un postulat : en art, le paysage est d’abord une représentation d’un labeur, du travail de la terre. « Travail » et « terre » sont deux notions épineuses sur les plans politique et culturel, et toute œuvre d’art qui aborde leur relation complexe met directement en question la puissance de la représentation elle-même. Celle-ci est un concept à la fois politique et esthétique, et le paysage en tant que représentation met précisément en jeu cette double signification.

Depuis le XVe siècle où il s’est constitué en genre pictural, le paysage a toujours figuré au premier plan des arts visuels. En français, le terme vient du latin pagensis dérivé de pagus, « bourg », en néerlandais de landschap, « aménagement » (qui a donné l’anglais landscape). Dans un cas comme dans l’autre, le paysage n’est pas un simple synonyme de nature : c’est à la fois un terrain ou territoire modelé par l’intervention humaine, et une image qui reprend le point de vue spécifique d’un.e spectateur.rice. La tradition picturale du paysage ne tient donc pas seulement à la représentation d’idylles (artificielles) mais représente aussi un genre crucial pour interroger la notion de « labeur » — qui modèle simultanément territoires et humains.

Aux alentours mêmes du MDD, à l’orée du XIXe siècle, de nombreux artistes émigrèrent de la ville vers Laethem pour se saisir des promesses, sociale et artistique, offertes par la campagne et par la vie paysanne en particulier. Mais d’où leur venait cette obsession pour la « terre », pour le land de landschap/landscape ? Aux yeux des peintres qui s’étaient établi.e.s à Laethem-Saint-Martin, la notion de paysage s’opposait frontalement à celle de la ville, comme une sorte d’antidote au chaos de la vie urbaine exposée à la vague du développement technologique. Le paysage leur semblait conserver une dimension morale sinon religieuse : la terre et, par extension, les gens qui la travaillent symbolisent une forme d’« authenticité » en suggérant une vie plus simple, consacrée à un dur mais honorable labeur. Les peintures produites par différents groupes d’artistes dépeignent la région de la Lys comme une nouvelle Arcadie : leurs œuvres tendent à sublimer les travailleur.ses de la terre et le sol qu’ils et elles cultivent. La représentation de la terre est à son image : jamais tout à fait figée, neutre ou même naturelle.

Fruits of Labour examine les formes de labeur que l’on retrouve au cœur d’œuvres d’artistes contemporain.e.s s’intéressant à la notion de paysage à une époque où la conception traditionnelle du « paysage » est confrontée à une pression environnementale de plus en plus forte, au point où les changements causés par l’activité humaine deviennent irréversibles.

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11.06.23—20.08.23
Exposition
   Lieu
Museum Dhondt-Dhaenens

Museumlaan 14
9831 Deurle

   Curateur

Laurens Otto

   Prêteurs

Allan Sekula Studio
Argos, Brussel
Bernier/Eliades Gallery, Athene en Brussel
Copperfield Gallery,Londen
Galerie Jean Brolly, Parijs
Galerie Tschudi, Zuoz
Galerie Michel Rein, Brussel en Parijs
Gallery Sofie Van de Velde, Antwerpen
Hollybush Gardens, Londen
INA, Parijs
KOW Berlijn
mudel, Deinze

   Image

Lala Meredith-Vula, 20th July 2018, Gotovuša, Kosova no.2, de la série Haystack, 1989–en cours.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste.